RENCONTRE AVEC JOSE DE LA FUENTE

Publié le par Sarah-Corentin-Sebastien

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 Jose De La Fuente est avocat et chercheur, il a beaucoup travaillé avec les associations indigènes et paysannes boliviennes. Pour cette raison, il a fait parti de l'assemblée nationale constituante. Cette assemblée convoquée un mois après la première élection de Evo Morales en 2006 visait à rassembler toutes les sphères de la société bolivienne pour établir la nouvelle constitution du pays. Il travaille aujourd'hui sur un projet de récupération de la "mémoire" de l'assemblée constituante.

 

 

Nous l'avons rencontré à Cochabamba durant notre passage en Bolivie, voici un extrait de l'interview réalisée :

 

 

Nous savons aujourd'hui que les modes de vie actuels ne sont plus viables, qu'elles alternatives avons-nous ?

Je pense que pour trouver une alternative au capitalisme il faudrait donner plus de pouvoir aux organisations paysannes, indigènes car eux vivent dans un mécanisme alternatif. Ils ne reconnaissent pas le capitalisme comme un mécanisme dominant. Ici, dans les zones urbaines il se passe pour nous la même chose que pour les européens, quelle est l'alternative ? Cependant, ces groupes (paysans, indigènes) peuvent démontrer qu'il est possible de vivre sans OGM, qu'il est possible de manger sainement, d'interchanger, qu'il est possible d'aller jusqu'à omettre l'argent. Cela peut paraître très extrême mais dans le monde paysans cela est réel. Donc l'idée d'alternative se trouve dans la question "Comment récupère-t-on ces connaissances ? Ces expériences qui sont là et qui fonctionnent ? Nous devrions être capable de dire au reste du monde regardez, ça c'est une alternative, nous n'avons pas l'obligation de manger la cuisine que mangent les américains au Mcdo, il existe des choses plus saines, plus durables. Nous ne sommes pas obligés de faire de la monoculture, de produire en masse pour nourrir tous les chinois. Tout cela est possible mais ce qui manque dans le cas boliviens c'est que ceux qui peuvent écrire et parler n'ont pas cette expérience et ceux qui ont cette expérience ne peuvent pas encore écrire et parler de cette manière. Il faut cet espace où nous pouvons échanger et combiner tout cela. Evo Morales et de nombreux autres gouvernements viennent avec cette idée, avec tous leurs intellectuels mais pour l'instant cette synthèse ne s'est pas produite. Quelque chose qui nous fasse partager connaissances et expériences et qui nous permettrait finalement de dire au monde, ceci est notre proposition.


Quand Evo Morales a été élu, il a dit qu'il allait gouverner en obéissant, se référant ainsi aux conduites des communautés indigènes où le chef traditionnel exécute les décisions provenant d'un consensus total de la population, pouvez-vous nous expliquer l'origine et le fonctionnement de cela ?



Cette phrase utilisée par Evo Morales et qui avait été dite avant lui par le commandant Marcos veut dire que l'on doit gouverner en obéissant, c'est une idée très démocratique de dire "je gouverne sur la base de mandat". Donc, ce qu'il a voulu dire exactement c'est qu'il va gouverner en obéissant aux mandats que les citoyens, les organisations, les communautés lui donnent à lui et à son gouvernement. Quand il se réfère à cela, il parle des organisations sociales, des mouvements sociaux car c'est une manière très bolivienne de prendre les décisions en assemblée. Pour l'élection du maire par exemple, l'assemblée décide pour qui voter et tout le monde suit cette décision prise en collectivité. Pour lui, quand les paysans, les fédérations, les centrales syndicales ou les communautés indigènes prennent une décision cela se convertit en mandat. Ainsi, lorsque Evo a dit cela, il voulait dire que c'était la base de son idéologie politique, "il faut gouverner sur la base de ce qu'ont décidé les gens, je suis seulement un instrument, je suis seulement un représentant, je vais accomplir ces mandats". 

Publié dans PROJET

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